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Auray

Les Korrigans

Le Korrigan est issu du folklore breton, une sorte de gnome ou lutin farfelu

D’apparence chétive, ils vivent en Bretagne exclusivement, et sont présents sur le château de Dinan, en Presqu’île de Crozon. Ils sont très respectés par la population pour leur courage et leur ingéniosité.
Le mot korrigan signifie « petit nain », du breton korr = nain, suivi du diminutif ig et du suffixe an, avec le pluriel breton ed = Korriganed. On les appelle aussi Poulpikets, Kornandons ou Ozégans.
Les Korrigans sont les gardiens des trésors des collines. Ils sont extrêmement riches, mais aussi incroyablement avares. La légende leur donne des capacités d’alchimistes, ce qui expliquerait leur richesse.
Ces lutins sont des esprits prenant l’apparence de nains dans la légende celtique et plus particulèrement bretonne. Parfois bienveillants ou malveillants, on les décrit ayant une magnifique chevelure et des yeux rouges lumineux pour ensorceler les mortels, ou comme petits, noirs et velus, coiffés de chapeaux plats avec des rubans de velours, voire même possédant une grosse tête fort laide et très ridée.
Ils hantent surtout les sources et les fontaines.

Peu actifs en hiver, une légende bretonne raconte qu’à l’arrivée des beaux jours, ils appellent les mortels à la tombée de la nuit pour les faire venir autour d’un feu où dansent des korrigans. Ce rituel leur permet d’augmenter la puissance de certains de leurs pouvoirs. Si le mortel invité se joint à leur danse, il se fait entrainer dans un piège où il finit tué ou envoyé dans une caverne souterraine. Car les Korrigans naissent et meurent sous terre.
Au Moyen Age, les Korrigans seraient les auteurs des ronds de sorcières que l’on trouvait parfois sur les prés ou dans les sous-bois ; ils danseraient autour de ce cercle à la tombée du jour.
Ils symbolisent aussi la résistance de la Bretagne à la christianisation et on leur prête alors des facéties nocturnes à proximité des églises, prenant surtout les prêtres comme cibles.
D’autres légendes racontent qu’ils ne sont pas méchants mais seulement espiègles. Ils s’amusent et jouent des tours pendables à tous ceux qui leur manquent de respect et qui les dérangent. Ils proposent des défis qui, s’ils sont réussis, donnent le droit à un voeu mais qui peuvent, en cas d’échec, se transformer en pièges mortels menant tout droit en enfer ou dans une prison sous terre sans espoir de délivrance.
Quant à ceux qui les traitent comme il convient, ils leur témoignent leur bienveillance et leur rendent beaucoup de services. Ils sont dotés d’une force extraordinaire.
On prétend que durant la nuit du 31 octobre, ils sévissent à proximité des dolmens, prêts à entraîner leurs victimes dans leur monde souterrain pour venger les morts des sévices des vivants. Cette tradition les rattache à celle d’Halloween, à l’origine fête de Samain ; ce nouvel an celtique est devenu au fil des siècles et des religions la fête que nous connaissons aujourd’hui.

      

Le Korrigan et le Bossu

On raconte qu’un jour, un bossu vint à passer près d’une clairière. Il aperçut des korrigans qui s’amusaient à chanter :
– Lundi, mardi, mercredi, … lundi, mardi, mercredi …
– Ben alors, les korrigans, elle est pas finie, votre chanson ? moi je peux vous donner la suite ! se moqua gentiment notre bossu.
– Attention, dirent les korrigans, si ce que tu nous promets n’est pas à la hauteur de nos souhaits, tu seras sévèrement puni de ton audace !
Et le bossu de chantonner :
– Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi, et puis le dimanche aussi et voilà la s’maine est finie !
– Hourra ! crièrent les korrigans tellement ils étaient contents ! Notre chanson est plus longue à présent ! Dis-nous c’ que tu souhaites : argent, beauté ?
-Ben, si vous pouvez, j’aimerai bien me séparer de ma bosse.
Sitôt dit, voilà les korrigans qui s’emparent du bossu, et le jettent dans un trou. Quand il réapparaît, le voilà tout droit, notre bossu ! Tout beau !
Souvent, les intrépides ont moins de chance. Quiconque essaie d’entrer dans la ronde des korrigans se voit piégé toute la nuit jusqu’à épuisement. Ce sont des êtres facétieux qui peuvent se révéler dangereux.
« Vengeance de lutin, on n’en voit pas la fin » dit le proverbe.

La reine des Korrigans

Il était une fois un pauvre pêcheur qui s’appelait Pierre Cavalin. Il demeurait en haut d’une falaise surplombant la mer.
Ce soir-là, il faisait mauvais temps. Pierre, assis au coin de la cheminée, mangeait une bonne soupe au lard avec quelques tartines de pain beurré. Tout à coup on frappa. Pierre alla ouvrir la porte. Une vieille femme, toute ruisselante, vêtue de guenilles entra. Le pauvre pêcheur l’invita à s’approcher du feu et à partager sa nourriture. La pauvresse but sa soupe avec appétit. Alors, elle lui dit qu’elle était la reine des korrigans. Pour le récompenser de sa bonté, elle l’invita dans son palais au pied de la falaise. Elle lui dit d’apporter trois sacs. A minuit pile, Pierre entrait dans la grotte des Korrigans.
Dans une grande salle toute illuminée dansaient des centaines de Korrigans habillés de rouge. Le pêcheur fut entrainé par les lutins dans une ronde interminable. Pierre aperçut des coffres emplis d’or. La reine lui dit qu’il pouvait en prendre autant qu’il voulait à condition de partir avant le chant du coq.
Il mangea, dansa toute la nuit. Quand le soleil commença à se lever, il se précipita pour remplir ses sacs d’or. Soudain, le chant du coq retentit. Pierre courut vers la sortie. Il avait trop attendu : lorsqu’il arriva chez lui, il ouvrit ses sacs et constata que son trésor s’était transformé en cendres. Pierre était désolé.
A la tombée de la nuit, la reine des Korrigans revint le voir. Elle eut pitié de lui. Elle lui offrit un plat magique, en terre, qui se remplirait de nourriture à chaque fois qu’on le désirerait. Pierre Cavalin conserva le plat en terre toute sa vie durant et ainsi, il n’eut plus jamais faim.

Le plus petit des Korrigans

Anicet le Bossu faisait métier de jouer du biniou. Sitôt qu’il y avait une noce dans le pays, on le voyait arriver l’instrument sous le bras et suivi de son chien Gwendal. Il jouait le temps qu’il fallait et souvent plus.
– A se revoir la compagnie ! Allez Gwendal, derrière ! Et le voilà parti allant d’un côté à l’autre, de gauche à droite, de droite à gauche.
Il est vrai que la dernière bolée de cidre est souvent la bolée de trop !
– Je ferai mieux de me coucher, oui ! et il se laissa tomber au pied d’un rocher tapissé de fougères sèches.
Il n’eut guère le temps de dormir ; il fut vite réveillé par les aboiements plaintifs de Gwendal qui n’en finissait pas de trembler sur ses pattes.
– Vrai, il se passe quelque chose de pas normal ! et c’est alors qu’il entendit tout un remue-ménage à un mètre à peine, sous une énorme pierre.
– Seigneur Dieu! Un repaire de korrigans ! C’est bien ma chance ! et de répéter chaque fois qu’un des lutins sortait de la terre :
– Le bonjour à toi … et à toi aussi … le bonjour à vous tous !
– et le bonjour à toi ! Répondit celui qui avec sa barbe en pointe, des sourcils broussailleux avait des allures de chef.
Et à son signal, les korrigans se mirent tous à danser autour d’Anicet en chantant : dilin ha dimern, Mar de achiui hou tra ho Ké ha ké ha ké Mar de achiui ou traou Ka hé ké ha ké … (Lundi et Mardi si vous achevez votre travail, regrets et regrets vous aurez !) La chanson s’arrêtait là. Il y avait bien une suite, mais aucun korrigan n’en connaissait le premier mot ! Alors ils reprenaient sans cesse les mêmes paroles, attendant vainement la suite.
– Tu connais la loi des korrigans ? demanda celui qui avait des allures de chef.
– Ma foi non !
– Soit tu trouves la fin de la chanson et tu deviens l’homme le plus riche du monde…
– et si je ne trouve pas ?
– je ne sais pas encore. On te changera peut être en crapaud ! ou bien on te collera une deuxième bosse sur le dos ! Attends un peu… J’ai une autre idée ! Sais-tu quel jour nous sommes ?
– ma foi non !
– Le 23 septembre… Le jour de la Saint-Kadog, le saint patron des korrigans ! La tradition veut que ce jour-là nous racontions des histoires, des histoires de lutins, bien sûr, et toujours en exagérant. Alors, puisque tu es là, nous te choisissons comme juge. A toi de décider, entre trois de nos conteurs lequel est le plus vantard. Seulement souviens-toi de ce que je vais te dire : « Per gwirion n’eo ked mad da laret ! » (toute vérité n’est pas bonne à dire !).
Le premier korrigan commença ainsi :
– Ne cherchez pas ! je suis le plus petit. Et c’est de famille ! A l’époque où mon pauvre père vivait et où un lutin était encore un lutin, il passait sous le poitrail d’un cheval sans avoir à se baisser ! et on l’applaudit comme il se devait.
Le deuxième était déjà plié en deux par le fou rire :
– Eh bien moi, mon père était plus petit encore ! Pensez un peu : d’une niche de chien il s’était fait une demeure de cinq pièces !
Et on l’applaudit tout autant. Vint le troisième concurrent.
– Quelle chance vous avez tous les deux d’avoir connu vos pères ! Le mien est mort bien avant ma naissance. C’est ma mère qui m’a appris qu’il s’était tué en tombant d’une échelle alors qu’il cueillait des fraises dans la région de Plougastel !
– alors ? Lequel des trois a le plus exagéré ?
– Pas plus l’un que l’autre.
– Comment, rugit le troisième korrigan-conteur, n’ai-je pas mieux menti que les autres ?
– Peut être, mais si je l’avais dit, les deux autres m’auraient assommé.
– Ca c’est sûr ! Dis donc, tu as oublié d’être bête, toi !
– je me suis souvenu : « Toute vérité n’est pas bonne à dire ! »